C’est en regardant droit dans ses yeux que j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond. Elle semblait s’être vidée, comme si son être entier c’était rempli d’air. Ce regard ne m’était pas totalement inconnu. Je n’étais pas sûr de ce que je croyais comprendre, mais j’étais sûr de ne pas comprendre d’où lui venait une telle absence. Ce regard était typique d’un certain genre de personne. Mes patients, dans les asiles. Mais ce même genre de personne ne se trouvait pas partout. Nous étions dans un café, au beau milieu de l’après-midi, et la seule interaction qu’il y avait eu entre nous consistait en une demande polie d’une tasse de thé et l’annonce de ce que cela me coûterait. Mais ensuite elle avait levé les yeux de son comptoir, et son regard avait croisé le mien. Quelque chose s’était passé.
Je n’ai pas compris cette fois-ci. Ni la suivante. Puis quand l’une d’elle a essayé de me suivre jusqu’à chez moi, j’ai compris. Toutes ces rumeurs que j’avais entendues à propos du vaccin n’était pas des énormes mensonges inventés par les médias pour faire mousser la population: il y a avait bel et bien des effets secondaires d’une étrange nature.
Peu à peu, j’ai réussi à prévenir les moments où cela s’active: mes yeux deviennent jaunes. Depuis lors, je porte toujours sur moi un petit miroir de poche. Lorsque je sens un regard sur moi, je vérifie la couleur de mes yeux, et si cette lueur brillante est présente, je m’enfuis. Parce que la plupart du temps, je n’ai pas envie de provoquer cet effet sur les gens.

La première chose que j’aimerais vous faire comprendre, c’est que je me suis toujours débrouillé tout seul. J’aime être libre de mes choix et de mes pensées, sans avoir à en référer à qui que ça soit. La pire période de ma vie a été mon enfance et le début de mon adolescence, lorsque je n’avais aucune indépendance et que mes faits et gestes étaient surveillées par mes parents. Ma famille, par ailleurs, a toujours prôné ces valeurs. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils me surveillaient avec une telle proximité; il fallait s’assurer que je devienne la personne qu’ils voulaient que je sois, l’hériter qu’ils méritaient d’avoir. Je crois bien qu’ils ont réussis à me créer tel qu’ils le désiraient. Ils m’ont toujours répétés que j’étais quelqu’un d’exceptionnel, qui avait devant lui un avenir brillant, cela car j’étais issu d’une famille noble et que j’avais reçu la meilleure éducation possible. Il faut dire que j’avais été dans les meilleures écoles, puis le meilleur collège, puis la meilleure université, et que chaque grande étape de ma vie avait été réalisée avec la perfection et la précision dûe à mon statut, à mon rang. Bref, j’ai grandi dans l’idée que j’étais quelqu’un de particulier, qui méritait les meilleurs traitements. Par ailleurs, je ne suis pas là pour démentir cette idée; j’estime être quelqu’un d’unique. Mais avec le temps, j’ai aussi réalisé que tout ne m’était pas dû.
Dès ma majorité obtenue, j’ai quitté le domicile familiale pour me forger mes propres expériences. J’ai appris alors à voir la vérité en face et à analyser le monde par moi-même. J’ai développé un grand sens pratique et également une intelligence pointue, qui me permettent à présent de comprendre facilement certaines situations complexes. Le sang-froid et le calme que l’on m’a appris à posséder m’ont permis d’avancer dans la vie sans encombre majeure.
En contrepartie j’ai à plusieurs reprises eu le loisir de me retrouver au centre d’histoire saugrenue, mais plus par calcul stratégique et envie de tester mes limites que par laisser-aller et hasard fortuit. J’aime beaucoup observer les autres, apprendre à anticiper leurs réactions et à analyser leur comportement. Le genre humain me fascine. J’ai par ailleurs terminé mes études de psychologie il y a quelques années. Avant de développer mon don, je comptais entreprendre des études de médecine, mais la survenue de celui-ci a remis de nombreuses choses en question. Je n’ai jamais été particulièrment ambitieux, ce qui est vraisemblablement la plus grande déception de mes parents. Mais mes récentes aptitudes me permettent d’envisager le monde en grand…

Ma mère m’a toujours dit que j’étais “à couper le souffle”, mais je suppose que c’est ce que disent toutes les mères à leur enfant, surtout s’il est leur unique descendant et qu’elles ont la fâcheuse habitude de penser que tout ce qui leur appartient est mieux que le reste du monde. Mais je pense qu’elle n’avait pas totalement tort, car les femmes n’ont jamais été indifférentes. Je ne suis pourtant pas très grand, dans le mètre 75. Mais je suis relativement bien constitué. Mon dos est droit et mes épaules sont larges. Sur mon abdomen se dessinent quelques muscles entretenus par une ou deux heures de sport par semaine. On m’a souvent fait remarqué que j’avais des fesses “à croquer”.
Au niveau supérieur, j’ai hérité des traits familiaux; fins et réguliers, les pommettes saillantes, le nez droit et la mâchoire solide. Mes lèvres sont fines, mais ma bouche plutôt grande. Par conséquent, mon sourire a tendance à empiéter sur le reste de mon visage! Heureusement, mes dents sont droites et bien entretenues.
Ma coupe de cheveux fait partie des remarques maternelles quelques peu désapprobatrice; j’ai toujours aimé les garder plus long qu’il ne le faudrait. Pas des cheveux longs de fille, non! Moins d’une dizaine de centimère, et pas devant les yeux, s’il vous plait. Ils sont très foncés, presque noir. Et toujours propre, également.
En temps normal, mes yeux, entourés de cils très foncés, sont bruns pailletés de jaune. Mais lorsque ces paillettes se multiplient et qu’deviennent majoritaire dans mon regard, il faut s’en inquiéter. Si vous en êtes encore capable…

Les conséquences du rassemblement sont difficiles à prévoir. Je dois avouer que je n’ai pas la moindre idée de quel phénomène je vais avoir l’occasion de rencontrer sur cette île, et dans quel but véritable ils ont décidés de nous mettre ici. Mais en ce qui me concerne, je m’en réjouis fortement. Je vais pouvoir développer mes aptitudes, et même les essayer sur d’autres sans que cela ne soit jugés comme mauvais, vu que tout le monde fera de même.
Le soutien psychologique, non merci. Tout ce que je veux, c’est maîtriser mon don.

Je m’en servirai, que diable! Mais avec finesse. Je ne verrai plus devant moi des êtres vidés grossièrement de leur substance. Je pourrai moduler leur envie, les ajuster comme bon me semble et les utiliser. Mais il me faudra du travail pour cela, car pour le moment, je n’ai réussi qu’à les vider, et non à la remplir. Une seule fois ma concentration a été suffisante pour faire partir loin de moins un homme, qui a alors échappé à mon contrôle. Ce que je vise n’est pas de posséder des pions. Je n’ai pas envie d’être un dictateur, cela manque d’élégance. Je désire atteindre un niveau de précision plus élevé.

19 ans, et j'ai connu le forum par hasard.
Je sais que mon personnage a un pouvoir relativement flippant et un peu gigantesque (hihi), mais je ne compte pas en faire un superman. J'ai des projets de désillusion pour lui, et en aucun cas il n'arrivera à contrôler son pouvoir comme il le désire, donc pas d'inquiétude. Enfin, si vous trouvez que cela ne joue pas pour autant, je me résignerai.